Enrique Pilco (docteur de l'EHESS-MASCIPO).
La vie musicale des principales églises de la région de Cuzco (Pérou) repose essentiellement sur un répertoire d'hymnes liturgiques de tradition orale en quechua. Ce répertoire est tout particulièrement associé aux cultes populaires, non seulement du fait des textes en langue quechua, mais également de leur contenu musical. Ce dernier est notoirement influencé par le yaraví et la qashua, deux genres indigènes remontant au XVIème siècle. Ces chants religieux en quechua sont au coeur de « veillées » (veladas) lors desquelles des confréries de musiciens honorent des images du Christ et de la Vierge à travers des offrandes musicales. Bien que ces rencontres rituelles aient lieu principalement pendant la semaine sainte, elles sont réalisées en marge du culte présidé par l’Eglise. Les offrandes musicales aux saints constituent une alternative rituelle qui permet aux musiciens, en tant que fidèles, d’interagir de façon directe avec les divinités catholiques. Les deux questions que j’aborderai dans cette intervention sont : Quelles sont les qualités musicales qui font du yaravi et du huayno religieux un moyen efficace pour agir sur les saints ? Et comment situer ce répertoire musical par rapport au phénomène de métissage musical depuis la colonisation espagnole dans les Andes au XVIème siècle ? Je les aborderai depuis la perspective de l’anthropologie de la musique et de l’histoire de l'évangélisation des Andes.
Le séminaire du CREM (Centre de recherche en ethnomusicologie) a lieu deux lundis par mois, de 10h à 12h. Les chercheurs (doctorants compris) membres du CREM ou invités de passage y présentent leurs travaux en cours. Les présentations durent 50 minutes, et sont suivies d’une pause café et d’une heure de discussion.
Occasionnellement, le séminaire prend la forme d’un atelier rassemblant plusieurs chercheurs autour d’un thème commun. Il dure alors un après-midi ou bien une journée complète.
La participation au séminaire est ouverte à tous. Il fait par ailleurs partie du cursus des Master d’ethnomusicologie des universités Paris Nanterre et Paris 8 Saint-Denis.