Dans les monts du Chaillu au centre sud du Gabon, les Pygmées Babongo sont initiés aux rituels de leurs voisins Mitsogo et Masangu, rituels dont ils exécutent ensemble les cérémonies. M’inspirant des approches relationnelle de Gregory Bateson (1972) et Steven Feld (2005) ainsi que cognitive de Dan Sperber (1996) sur la communication, je souhaite montrer que (1) différentes manières de communiquer la musique peuvent être dégagées au sein du rituel bwete d’initiation masculine, (2) ces communications musicales sont directement liées à ce que je nomme des « régimes de plasticité du changement musical», et (3) ces différents régimes méta-communiquent sur la relation Pygmées/non-Pygmées. Je m’attarderai sur la circulation de ce qu'il convient de nommer des «chants pérégrins», pour aborder succinctement les questions relatives à la création, l'interprétation et l’autorité musicales.
Cette intervention s’appuie sur mon travail de thèse, soutenu à Nanterre au mois de janvier 2016. Deux autres des apports de ma thèse – (1) la proposition d’une expression analytique, le «pays babongo», soulignant en termes géographiques le rôle central des Babongo dans la reproduction d’une société pluriethnique malgré leur statut de cadets sociaux ; (2) la démonstration de l’absence de formules tambourinées distinctives des répertoires musicaux, formules largement répandues ailleurs en Afrique centrale (voir les travaux de Simha Arom et de son équipe) – viendront éclairer chacun à leur manière l’analyse de la communication musicale.
Le séminaire du CREM (Centre de recherche en ethnomusicologie) a lieu deux lundis par mois, de 10h à 12h. Les chercheurs (doctorants compris) membres du CREM ou invités de passage y présentent leurs travaux en cours. Les présentations durent 50 minutes, et sont suivies d’une pause café et d’une heure de discussion.
Occasionnellement, le séminaire prend la forme d’un atelier rassemblant plusieurs chercheurs autour d’un thème commun. Il dure alors un après-midi ou bien une journée complète.
La participation au séminaire est ouverte à tous. Il fait par ailleurs partie du cursus des Master d’ethnomusicologie des universités Paris Nanterre et Paris 8 Saint-Denis.