Avec Laura Steil*
Esch-sur-Alzette, « métropole du fer » du Grand-Duché du Luxembourg, est une ville frontalière façonnée par l’industrie sidérurgique et la migration de travail. Pendant les Trente Glorieuses, elle vit au rythme des aciéries qui l’enserrent, leurs grincements réguliers s’entendant nuit et jour. Le quartier dit « Frontière » (Grenz) donne sur un site industriel qui s’étend de part et d’autre de la frontière avec la France. Il est densément peuplé d’ouvriers, principalement luxembourgeois et italiens. Mais il est aussi connu comme quartier festif, tant les cafés-dancings (et ensuite les discothèques) y sont nombreux et fréquentés par des clients de toute la région transfrontalière. Les ouvriers habitent à l’étage, dans les pensions que les cabaretiers opèrent au-dessus de leurs commerces, et ce sont aussi souvent eux — avant et après leur travail à l’usine — qui font le service et jouent dans les orchestres qui animent les bals. Le projet de recherche Dancing Esch, mené au Centre d’Histoire Contemporaine et Digitale (C2DH) de l’Université du Luxembourg, dans le cadre du groupe de recherche Popkult60 (FNR/DFG), tente de reconstituer les festivités populaires des « longues années 1960 » en les inscrivant dans le contexte du quartier.
Laura Steil est anthropologue (EPHE, 2015). Ses recherches portent sur des pratiques et communautés de danse sociale et populaire, qu’elle aborde avec les outils de l’anthropologie et de l’histoire. Elle enquête sur des lieux et interfaces d’expériences musico-dansées, tels que les boîtes de nuit, les clips vidéo ou les réseaux sociaux, s'intéressant aux interactions, à la transmission et à la mémoire. Sa réflexion s’étend également à la méthodologie, portant notamment sur l’ethnographie numérique et sensorielle. Son doctorat portait sur les appropriations de la « danse afro » par la jeunesse d’origine africaine en région parisienne et sur la construction d’une « économie de prestige » dans un milieu festif afro-francilien (Boucan ! Devenir quelqu’un dans le milieu afro, PUM, 2021). Elle est actuellement chercheuse postdoctorale au Centre d'histoire contemporaine et digitale (C²DH) à l'Université du Luxembourg. Dans le cadre du projet Popkult60 (FNR/DFG), elle enquête sur les bals ouvriers des années 1960, se concentrant sur un quartier de dancings disparus et la mémoire qu’en portent les habitants de la ville.
Le séminaire du CREM (Centre de recherche en ethnomusicologie) a lieu deux lundis par mois, de 10h à 12h. Les chercheurs (doctorants compris) membres du CREM ou invités de passage y présentent leurs travaux en cours. Les présentations durent 50 minutes, et sont suivies d’une pause café et d’une heure de discussion.
Occasionnellement, le séminaire prend la forme d’un atelier rassemblant plusieurs chercheurs autour d’un thème commun. Il dure alors un après-midi ou bien une journée complète.
La participation au séminaire est ouverte à tous. Il fait par ailleurs partie du cursus des Master d’ethnomusicologie des universités Paris Nanterre et Paris 8 Saint-Denis.