Avec Sandrine Teixido
Peut-on penser la sincérité dans la perspective de l’ethnomusicologie économique autrement qu’en termes d’instrumentalisation ? La sincérité peut-elle être pensée comme un « dire vrai sur soi-même » (Foucault), susceptible de façonner une subjectivité économique permettant aux individus d’agir dans un monde incertain et controversé ? Je propose d’examiner la notion de « sincérité », ainsi que les expressions « chanter et parler avec le cœur » telles qu’elles sont mobilisées par les artistes ou les acteurs culturels dans le contexte français des musiques du monde, où les artistes circulent entre institutions publiques, communautés d’appartenances et industries musicales. Cette présentation vise à développer une analyse des compétences infra-économiques développées par les individus en s’appuyant sur les travaux de Michel de Certeau (distinction entre stratégies et tactiques), d’Anna Tsing (objet limite), de Marcel Détienne et Jean-Pierre Vernant (métis) ou de Luc Boltanski (agape). Il s’agira de voir de quelle manière nous pouvons repenser une théorie de l’action qui rend compte d’une diversité des subjectivités et des habilités économiques mobilisées par les musiciens pour résoudre la difficulté de devoir interagir avec différents réseaux et régimes de justifications.
Le séminaire du CREM (Centre de recherche en ethnomusicologie) a lieu deux lundis par mois, de 10h à 12h. Les chercheurs (doctorants compris) membres du CREM ou invités de passage y présentent leurs travaux en cours. Les présentations durent 50 minutes, et sont suivies d’une pause café et d’une heure de discussion.
Occasionnellement, le séminaire prend la forme d’un atelier rassemblant plusieurs chercheurs autour d’un thème commun. Il dure alors un après-midi ou bien une journée complète.
La participation au séminaire est ouverte à tous. Il fait par ailleurs partie du cursus des Master d’ethnomusicologie des universités Paris Nanterre et Paris 8 Saint-Denis.