Quand on parle d’Afghanistan, les premières images qui nous viennent à l’esprit sont celles d’un pays déchiré par des décennies de guerres. D’ailleurs, lorsque l’on se penche sur son histoire, on constate en effet qu’il a été de tout temps convoité par les royaumes voisins, et au-delà. De ces rencontres, qui n’ont pas toujours été guerrières, est né un patrimoine culturel unique. Le rubâb afghan, s’inscrit dans cet héritage. Sa morphologie s’inspire des luths du Gandhara, les cordes sympathiques qui caractérisent son timbre, viendraient de l’Inde, tout comme le répertoire qui lui a donné ses lettres de noblesse. L’origine de ce luth ne nous est pas parvenue, l’instrument a fait une apparition spontanée au nord de l’Hindoustan dans le courant du xviiie siècle. Sa diffusion semble, dans un premier temps, avoir suivi le déplacement de la population pachtoune. Aujourd’hui, la notoriété du rubâb afghan a dépassé les frontières de l’Asie Centrale, et c’est au travers des réseaux sociaux qu’il a poursuivi son parcours jusqu’en Occident.
Pour comprendre cet instrument, il nous faut en connaître son organologie. Cela passe par une étude de son architecture interne et celles des luths antiques et des rubâbs médiévaux. Avec l’aide d’un logiciel de modélisation, il en ressort que tous ces instruments s’inscrivent dans sept principales typologies. L’étude philologique et historique nous informe sur la période de son apparition, tout en nous offrant des scénarii sur son origine. L’étude d’instruments anciens nous renseigne sur sa configuration à des périodes données : de sa taille générale, au nombre de cordes et leur agencement. Ces informations nous renseignent entre autres sur le jeu de l’instrument. En étudiant sa pratique, dans les pays où il s’est diffusé, on constate qu’il a subi des transformations, parfois importantes, des modifications quelques fois nécessaires pour interpréter de nouveaux répertoires. Aussi étrangement que cela puisse paraître, ce phénomène s’est même opéré en Afghanistan, sous l’influence de la musique hindoustanie. Cette étude monographique explore l’instrument au travers de trois angles intimement liés que sont l’organologique, le musicologique et l’anthropologique.
Le séminaire du CREM (Centre de recherche en ethnomusicologie) a lieu deux lundis par mois, de 10h à 12h. Les chercheurs (doctorants compris) membres du CREM ou invités de passage y présentent leurs travaux en cours. Les présentations durent 50 minutes, et sont suivies d’une pause café et d’une heure de discussion.
Occasionnellement, le séminaire prend la forme d’un atelier rassemblant plusieurs chercheurs autour d’un thème commun. Il dure alors un après-midi ou bien une journée complète.
La participation au séminaire est ouverte à tous. Il fait par ailleurs partie du cursus des Master d’ethnomusicologie des universités Paris Nanterre et Paris 8 Saint-Denis.