Avec Mahalia Lassibille
La circulation des images et en particulier des vidéos revêt un rôle important dans la diffusion, la transmission et l’appropriation des danses à l’instar du hip-hop au Sénégal. Le développement du numérique a accéléré ce phénomène notamment par la facilité d’accès qu’il a permis. En ce sens, le smartphone, avec ses fonctionnalités vidéo connectées, s’avère particulièrement opérant. Mais quels en sont les ressorts ?
A partir d’enquêtes de terrain menées à Dakar (2018, 2022, 2023), il s’agira d’analyser les usages créatifs de ces fonctionnalités par les krumpeurs (danseurs de K.R.U.M.P, acronyme de Kingdom Radically Uplifted Migthy Praise qui s’est développé à partir de Los Angeles dans les années 2000). En effet, ils peuvent non seulement voir sur leur téléphone nombre de vidéos de danses disponibles en ligne et s’en inspirer, mais ils se filment, se regardent et postent leurs propres vidéos sur instagram notamment. Suite aux travaux de chercheurs et chercheuses qui analysent les divers usages du smartphone, je me centrerai sur les pratiques spécifiques des krumpeurs afin de saisir en quoi le smartphone participe à leurs processus d’apprentissage, de performance et de création, et peut constituer un véritable outil chorégraphique, non dans une stratégie de visibilisation et de reconnaissance grâce aux réseaux sociaux mais comme agent dans leurs fabriques de gestes. Cette perspective permettra notamment de penser les imbrications entre moment d’entrainement et de spectacularisation, entre pratiques « en ligne » et « hors ligne », entre dynamique de globalisation et regard sur soi.
Mahalia Lassibille est maîtresse de conférences au département danse de l’Université Paris 8 et membre du laboratoire Musidanse (Esthétique, musicologie, danse et création musicale). Anthropologue, elle a réalisé des enquêtes de terrain au Niger et au Sénégal sur des danses dites « traditionnelles », « contemporaines » et « urbaines ». Elle étudie les circulations des danses en Afrique, leurs dynamiques gestuelles, les imaginaires qui s’y rattachent mais aussi les enjeux catégoriels auxquelles elles se confrontent. Elle mène actuellement ses recherches auprès de danseurs et danseuses hip-hop et de krumpeurs au Sénégal, en particulier sur leurs processus de (ré)appropriations et leurs « fabriques de gestes » en y intégrant l’usage des vidéos, la place des réseaux sociaux et l’enjeu des battles.
Page dédiée : http://www.danse.univ-paris8.fr/chercheur.php?cc_id=4&ch_id=378
Le séminaire du CREM (Centre de recherche en ethnomusicologie) a lieu deux lundis par mois, de 10h à 12h. Les chercheurs (doctorants compris) membres du CREM ou invités de passage y présentent leurs travaux en cours. Les présentations durent 50 minutes, et sont suivies d’une pause café et d’une heure de discussion.
Occasionnellement, le séminaire prend la forme d’un atelier rassemblant plusieurs chercheurs autour d’un thème commun. Il dure alors un après-midi ou bien une journée complète.
La participation au séminaire est ouverte à tous. Il fait par ailleurs partie du cursus des Master d’ethnomusicologie des universités Paris Nanterre et Paris 8 Saint-Denis.